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21 novembre 2024
Découvrez le récit exclusif du journaliste Steeve Reaching, qui livre son regard expert sur ce navire amiral de luxe. Entre lignes élégantes, prouesses techniques et sensations en mer, plongez au cœur de l’essence d’une œuvre nautique d’exception.
L’arrivée d’un navire amiral est toujours un moment spécial dans la vie d’un chantier, et encore plus quand il s’agit de Fountaine-Pajot. La marque rochelaise lance le Thíra 80, le plus grand et luxueux catamaran jamais produit dans sa flotte. Nous avons rallié Monaco à Saint-Tropez à son bord, un haut lieu de la grande plaisance et un décor dans lequel s’assortissent à merveille ses multiples facettes et innovations.
Rien ne ressemble plus à un catamaran Fountaine-Pajot qu’un autre catamaran Fountaine-Pajot. C’est la réflexion que l’on peut se faire en observant les différents modèles de la gamme, du New 41 à l’Alegria 67, dont la filiation est perceptible du premier coup d’œil. Mais quand il s’agit du plus grand catamaran jamais construit par le chantier, on aurait pu craindre une rupture de cette harmonie au profit de formes liées aux impératifs de la grande plaisance. Il n’en est rien avec le Thíra 80 qui, comme ces petits frères, préserve les élancements et l’élégance tout en apportant un espace et un niveau de luxe inédits. La répartition des volumes entre coques et roof est bien proportionnée pour évoquer un voilier racé qui ne sacrifie pas sa silhouette sur l’hôtel du confort cinq étoiles. Deux caractéristiques basiques sont impressionnantes : 340 m² de surface pour profiter pleinement de la vie à bord et 340 m² de surface de voilure pour naviguer à la voile le plus souvent possible. C’est tout le savoir-faire du chantier, créé en 1976, et l’ingéniosité des concepteurs, qui ont été mis à contribution pour transformer ces simples chiffres en un véritable yacht destiné à procurer le meilleur bien-être sur l’eau.
C’est le cabinet Berret-Racoupeau Design en collaboration directe avec le bureau d’études du chantier qui signe à la fois l’architecture navale, le style extérieur et le design intérieur. Les dimensions hors normes de la plateforme ont permis une approche très innovante des espaces, notamment pour proposer une vision optimale sur le spectacle environnant. Ce ne sont pas moins d’une quinzaine de banquettes, dessinées en moelleuses méridiennes, qui sont réparties sur le pont principal et le flybridge du Thíra 80 pour organiser huit ou neuf, petits ou grands, salons de pont. Deux d’entre elles forment une terrasse qui fait face à la mer sur chaque bord, grâce aux pavois qui se déploient. Ces lieux, délicatement ombragés par les cellules solaires intégrées aux ailes de roof transparentes, sont autant d’invitations à la relaxation. Chacun des invités peut s’y isoler ou se retrouver pour discuter au gré de ses envies et profiter de chaque moment ou des premiers ou derniers rayons de soleil. La plage arrière et la plage avant sont traitées en club de relaxation. Un beach club à l’arrière avec un immense bain de soleil et une plateforme de bain sur toute la largeur. Un jacuzzi club à l’avant est pourvu de grands matelas et d’un bain à remous contigu. Des cool box et des minibars sont dispatchés sur ses deux plages et le flybridge pour ne jamais manquer de rien. Pour la distraction, un garage abrite un scooter des mers électrique alors que deux coffres avant dissimulent les padles et autres jouets nautiques. Deux belles tables pour prendre les repas, une au flybridge et une dans le cockpit, complètent ce dispositif de détente très conviviale ou intimiste, sans doute l’un des mieux réussis dans ce segment.
Les aménagements du Thíra 80 offrent des volumes grandioses en réunissant des prestations de grand standing tout en restant dans le cadre réaliste de la construction en série, l’ADN de la marque rochelaise qui en fait aussi sa fiabilité.
Le choix est ainsi donné entre une cuisine américaine dans le salon ou une plus discrète au niveau inférieur. Dans les deux cas, un quartier avec un mess et les cabines de l’équipage est installé dans la coque bâbord pour préserver l’aisance de chacun et l’efficacité des prestations. Et dans les deux cas, un office-bar situé à l’entrée du séjour accueille les invités comme il se doit selon l’heure. Ce séjour de plus de 50 m² offre un coup d’œil totalement panoramique dès l’entrée. À droite, un salon reçoit tous les invités, alors que de l’autre côté, on dispose, soit, d’un boudoir qui héberge les échanges plus personnels, ou alors, le chef distille ses petits plats derrière sa cuisine. Une commode centrale guide la circulation vers la plage avant et vers les appartements nocturnes, et on ne croit pas si bien dire. Quatre à six cabines sont aménageables pour correspondre à différents cahiers des charges, mais quatre ou cinq cabines permettent de profiter d’espaces privés inhabituels. En particulier de bénéficier dans la coque tribord, avec un accès privatif, d’une suite master et d’une suite VIP avec toilettes séparées et grande douche à l’italienne. Les heureux propriétaires sont les plus gâtés avec plus de 20 m² à leur disposition comprenant bureau, lounge, et un dressing donnant accès à une salle de bain double vasques et à une baignoire balnéo. La personnalisation est organisée de manière à composer une décoration unique. Trois possibilités de bois pour les meubles et les planchers sont séparément sélectionnables et quatre teintes pour les capitonnages en cuir qui habillent commodes et table à carte. Avec les selleries qui sont à décider directement sur le catalogue de la maison Pierre Frey à Paris, les combinaisons s’avèrent infinies et le raffinement à son comble. Il suffit de se poser quelques secondes dans un fauteuil pour prendre la mesure du bien-vivre que l’ambiance, au juste goût, suscite.
Dans le vieux port de Monaco, l’équipage du Thíra 80 nous accueille chaleureusement. Une fois l’annexe Williams 525 relevée sur la plateforme, nous prenons le large dans une faible brise de 7 à 10 nœuds. Quelques encablures sous moteur sont convaincantes des soins portés à l’isolation des cales moteur et des cloisons. Munis de la plus forte motorisation, nous croisons à neuf nœuds, ne percevant qu’un faible ronronnement. Le capitaine stoppe les machines pour envoyer grand-voile et gennaker, une voilure de plus de 400 m² bien adaptée pour les faibles brises méditerranéennes. Les manœuvres sont opérées électro-hydrauliquement par l’équipage depuis la zone avant du fly, l’arrière étant séparé pour les novices ou ceux qui se contentent juste d’admirer. Le cap est pris pour longer la riviera, que l’on peut scruter aussi de l’intérieur, et le Thíra 80 se déhale à plus de six nœuds dans dix nœuds de vent. Si la brise monte, il pourra garder les mêmes proportions. Les moyennes, en adaptant la voilure, pourront atteindre les 12 nœuds dans un vent à 20. L’inertie due à sa carrure et à sa stabilité lui permettent d’afficher sa puissance en abattant les miles tout en restant très confortable et facile à manœuvrer, la force tranquille en somme.
Cet atout agrémenté de bonnes qualités marines, y compris dans les vents faibles, le classe naturellement dans les unités de yachting d’exception. S’autorisant une certaine personnalisation et restant à l’écoute du client pour de mineures modifications, la maitrise de son procès industriel est un gage de sérénité bien convaincant pour les chanceux qui pourront naviguer à son bord.